Par M.F.L.
Il marchait dans la forêt ; le soleil l’avait appelé. D’ailleurs, même sans soleil, l’absence de pluie lui donnait envie de sortir… Il avait toujours eu du goût pour la marche. Son pas était moins rapide qu’autrefois à cause de ses genoux qui le faisaient souffrir ; mais il mesurait la chance d’avoir gardé toute sa mobilité à son âge : quatre-vingt-deux ans !… Pour combien de temps encore ?… La question se poserait bien un jour… plus tard… Il calculait le nombre de kilomètres parcourus ce jour-là, environ sept ; il était temps de rentrer chez lui, se reposer. Il appréciait de prendre l’air par un temps si doux en ce mois de Novembre ; il aimait l’automne, à vrai dire il aimait toutes les saisons avec une préférence quand même pour le printemps et l’automne…
Cette forêt de banlieue parisienne n’était pas bien grande et il en connaissait toutes les allées ; il pouvait rêver en marchant sans risquer de se perdre. Aujourd’hui, il portait son pull bleu clair qui lui allait si bien : le même bleu que ses yeux et il le savait, faisait ressortir la blancheur de ses cheveux. Ce n’était pas son âge qui l’empêcherait de rester coquet, et il faisait attention à sa ligne. On lui avait déjà dit, que de dos on pouvait le prendre pour un jeune homme ; il en souriait, mais appréciait le compliment.
Son pied se posa de travers sur une racine et la douleur au genou de sourde devint vive ; allons ! Il fallait revenir à la réalité ! Il chercha des yeux un endroit où s’asseoir. Il fit quelques pas jusqu’à un vieux banc de bois, sur le côté de l’allée ; soulagé, il respira profondément et se sentit mieux. De là, il pourrait observer les promeneurs… C’était une distraction comme une autre !
Une femme s’arrêta face à lui ; il l’avait vue arriver, mais ne voulait pas lui imposer une halte et une conversation qu’elle n’aurait pas souhaitées. Il la connaissait depuis qu’ils avaient fréquenté le même groupe de randonnée ; ils avaient à peu près le même âge, des connaissances communes.
« Bonjour Jacques ! toujours en promenade ? »
Elle tâtât le banc pour vérifier qu’il était bien sec et, avec un sourire, s’assit à côté de lui. Ils parlèrent de choses et d’autres ; on voyait leurs visages s’échauffer quelque peu quand ils étaient en désaccord ; puis le sourire revenait ; il y eu des silences paisibles, suivis de réflexions qui leur venait en tête et réalimentaient leur échange…
Le soleil disparut derrière les arbres et la fraîcheur les surprit ; il était temps de rentrer … Quelle bonne après-midi ! Il se rapprochait de son domicile et songeait au récit qu’il en ferait à la photo de son compagnon disparu trop tôt…
M.F.L.
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