Nos textes

Sortie fantastique au petit palais

jan 2016 -
Si les mots avaient des ailes

Sortie fantastique au Petit Palais

L’estampe fantastique au 19e siècle, tel était le thème d’une exposition qui s’est tenue au Petit Palais à Paris jusqu’au 17 janvier. Une dizaine d’entre nous s’est retrouvé début janvier pour déambuler dans les salles de cette superbe exposition qui comptait deux volets : (voir le site du petit palais ici)

  • Les estampes du maître japonais Kuniyoshi, étourdissantes de couleurs et de détails, qui nous plongent dans un univers peuplé de démons ou d’êtres légendaires inspirés des légendes et du théâtre japonais. Mangas et tatouages ont par la suite largement puisé leur inspiration dans l’œuvre de cet artiste.
  • Les estampes et gravures en noir et blanc des maîtres européens du genre, Goya, Redon, Delacroix, Doré, Grandville pour ne citer que les plus réputés. S’offrait aux visiteurs une surprenante plongée dans nos cauchemars, nos mythes, notre peur de la mort, des démons et du surnaturel.
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Cher Cerveau

jan 2016 -
Si les mots avaient des ailes

par Christine D.

Cher Cerveau

Moi, pauvre Estomac, au nom de mes confrères de la digestion je viens une nouvelle fois, comme tous les ans à la même époque, me plaindre des sévices que tu nous imposes.

Tu es, je le sais bien, et te respecte pour cela, le maître de tous les organes, sans toi nous ne pouvons rien faire, mais c’est aussi à cause de toi que nous souffrons.

Oh ! bien sûr, ils étaient bien aguichants tous ces mets sur la table du réveillon, rivalisant les uns les autres par leur présentation et leur goût raffiné : foie gras sur son plat à tête de canard, jolies tranches roses de saumon accompagnées de blinis débordant de crème et croustillants à souhait, plateau de fruits de mer à l’odeur iodée rappelant les vacances d’été, sans oublier cette énorme dinde et sa farce goûteuse entourée de marrons joufflus. Et pour finir, la fierté de toutes les maîtresses de maison : la « jolie bûche » avec son ridicule Père Noël et son sapin en plastique ! (Qu’heureusement on ne nous oblige pas à manger).

Bien sûr, chaque plat était accompagné d’un breuvage toujours plus divin que le précédent je vous l’accorde : Pouilly, Pomerol, Nuits-Saint-Georges, mais pour nous quelle catastrophe !

Et comme si cela ne suffisait pas entre les repas, les chocolats : des ronds, des carrés, des blancs, des noirs, avec des noisettes, des cerises à l’eau-de-vie…rien que d’y repenser j’en ai des haut-le-cœur.

J’ai dû pour satisfaire mon hôte qui salivait honteusement devant tous ces mets, passer outre mon écœurement, me mettre au travail. Tout d’abord j’ai goûté du bout des lèvres, et il faut le reconnaître, pris un certain plaisir à accepter cette nourriture dans mon antre qui se remplissait jusqu’à se distendre dangereusement. Le Cardia, épuisé lui aussi, me supplia de fermer la valve pour que nous puissions prendre un peu de repos. Mais non, impossible. Toi et tes confrères étaient ravis de nous en avoir mis plein la panse. Se remplir le buffet telle est votre devise en ces jours de fêtes, mais vous ne voyez pas dans quel état nous sommes, j’en suis tout retourné. Après des haut-le-cœur terribles, heureusement, j’ai pu tout garder, mais quel supplice pour malaxer toutes ces victuailles et les réduire en enzymes afin de préparer la digestion.

Le Foie et la Vésicule étaient eux aussi en pleine crise : la Vésicule déversa sa bile à flot, quand aux Intestins je n’ose pas, dans ce courrier, te décrire leurs aventures !

Devrais je te rappeler que toi aussi tu as souffert, un mal de tête t’a obligé à garder la chambre une journée entière, malgré une prescription surdosée de Doliprane.

Pourquoi autant d’excès, puisque tu nous imposes ensuite un régime draconien pour retrouver la ligne en vue des beaux jours ? Nous avons, nous aussi beaucoup de plaisir à manger ces mets délicieux mais nous les apprécions d’autant plus qu’ils sont en quantité raisonnable !

Aussi j’espère cette fois, que tu entendras nos revendications et que pour les fêtes à venir, tu sauras te montrer raisonnable. N’oublie pas que Pâques approche ! Si nous devions subir le même sort, nous saurions, le moment venu, nous en souvenir, et te le faire payer.

Je te souhaite, au nom de tous mes confrères, un prompt rétablissement et sans rancune pour cet épisode douloureux, mais uniquement si c’est le dernier !

 

Ton serviteur l’Estomac.

Christine D.

Écrire c’est …

oct 2015 -
Si les mots avaient des ailes

 
Écrire c’est courir sur une immense plaine blanche en laissant derrière soi les traces de ses pas. (Christine Passot)
 

 

Écrire c’est un voyage qui commence par l’histoire de soi et va jusqu’aux confins de la vies des autres. (CC)

 

Écrire c’est faire rêver l’autre et aiguiser ses sentiments. (Mireille Gatinet)

 

Écrire c’est prendre le temps de se poser, réfléchir et se plonger dans un silence merveilleux. (Marie F Fondrillon)

 

Écrire c’est dompter ses peurs. (Sacha)

 

Écrire c’est respirer calmement, profondément. (Catherine)

 
 

Écrire c’est transmettre
Écrire c’est s’en remettre. (Louise)

 
 

Écrire c’est mettre en lumière ce que les autres cachent. (JAS)

 
 

Écrire c’est poser des mots sur le papier et les fixer avant qu’ils ne s’envolent. (Odile)

 
 

Écrire c’est s’arrêter un moment au bord de son chemin. (AP)

 
 

Écrire, c’est la liberté de coucher sur le papier sa créativité pour susciter l’étonnement voire l’intérêt d’autrui. (Martine P.)

 

Écrire, c’est tendre vers l’ami, le frère. (Agnès SL)

 
 

La bibliothèque de M. Linden

sept 2015 -
Si les mots avaient des ailes

par Alain lefebvre

Elle avait choisi ce livre sans réfléchir. Alors que les ouvrages de la bibliothèque de M. Linden étaient tous impeccablement alignés, il était le seul dont le dos dépassait, comme une invite à être saisi, une main tendue vers un lecteur inconnu. Tout de suite, elle avait été attirée. Quand ses doigts s’étaient posés sur sa reliure, un petit frisson l’avait parcourue. Elle n’aurait pas su dire pourquoi, mais jamais le contact avec un livre ne lui avait fait un tel effet. Elle ne l’avait pas sorti tout de suite de son emplacement. Elle en avait d’abord caressé le cuir, palpé le relief des lettres marquées sur son dos, essayant d’en deviner le sens. Elle avait fait connaissance avec le livre et quand elle fut sûre qu’il était d’accord, qu’il l’acceptait, elle le fit glisser doucement, plus exactement, elle le libéra.

Elle crut entendre un soupir de soulagement, mais non ce n’était pas possible, ce devait être son imagination ou le bruissement du vent dans la cheminée. Pourtant, dans sa main, elle sentit le battement d’un cœur, un tout petit cœur comme celui d’un oiseau. Elle se dit que c’était son cœur à elle qui battait la chamade et

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Alexandra

août 2015 -
Si les mots avaient des ailes

par A.P.

Je te regardais passer, vive et insouciante
Ton petit cul moulé dans ce jean déchiré,
À l’aise sur tes rollers, me laissant pantelant,
Hébété, frémissant, par ta jeunesse troublé.

J’en ai passé des heures près

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Là ou ailleurs…

août 2015 -
Si les mots avaient des ailes

par H.B.

S a choisi le petit port de pêche de Marsaxlokk. Là ou ailleurs, a-t-elle songé !

— Tu verras, c’est ravissant ! lui ont vanté ses amis.

Elle descend du bus, longe le quai, puis s’assoit à une terrasse de café déserte. Un pâle soleil joue à cache-cache derrière des lambeaux de nuages échevelés dont un vent frais accélère la course. C’est l’heure creuse pour les restaurants qui se pressent les uns contre les autres, en enfilade sur la jetée. Il est encore un peu tôt pour déjeuner, mais déjà trop tard pour un café. Une serveuse, aux bras nus hérissés de chair de poule, s’affaire à la mise en place des tables. S regarde avec un peu d’inquiétude

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JULIEN, GARE DE VERSAILLES

août 2015 -
Si les mots avaient des ailes

Par Martine Ponthieu

Dix-huit heures vingt : Julien attend patiemment son train sur le quai de la gare.

Soudain une voix monocorde retentit dans le haut-parleur :

– A l’attention des voyageurs : le T.E.R. en provenance de Chartres entrera en gare à dix-huit heures trente sur le quai E et non pas sur le quai B comme prévu.

Julien s’élance aussitôt vers le quai E grossissant la cohue des usagers pressés.

Puis quelques secondes plus tard

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Toutèla

août 2015 -
Si les mots avaient des ailes

Par A.P.

Depuis que nous sommes tombés en amour pour ce petit terrain à Chaville, coincé entre deux propriétés, dans cette rue de maisons de meulière, avec leurs toits compliqués, leurs céramiques bleu céruléen, portant parfois des médaillons en façade pour lesquels on est en droit de se demander si on a là un portrait de la maîtresse de maison, depuis que nous sommes tombés en amour pour ce ridicule petit terrain, noyé de ronces, biscornu et

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Les Papillons

juil 2015 -
Si les mots avaient des ailes

par Christine D.

C’est l’été et les fenêtres de la classe sont grandes ouvertes sur la cour. C’est le jour du contrôle de calcul. Les élèves sont penchés sur leur copie et l’institutrice est absorbée par un roman.
Au fond de la classe Pedro s’applique mais les chiffres s’embrouillent devant lui, il ne sait plus combien font sept fois quatre vingt trois. Lui, il préfère les mots, inventer des histoires. Au moment où il va poser sa retenue un joli papillon se pose au bord de sa table. Alors les yeux de Pedro quittent sa multiplication et se perdent dans

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Les frites sont dangereuses pour la Santé

juil 2015 -
Si les mots avaient des ailes

par H.B.

C’était une belle journée de juin et les gardiens avaient accordé aux prisonniers un quart d’heure supplémentaire dans la cour. Non par bonté d’âme, mais parce qu’ils répugnaient à quitter le petit rond de soleil où ils s’étaient installés, pour retrouver la lumière jaunâtre et déprimante des couloirs.

Tony les Biceps avait été averti de se tenir prêt pour sa sortie qui devait s’effectuer en fin de matinée. Depuis la veille, ses camarades n’avaient cessé de lui donner des bourrades dans le dos en l’appelant veinard. On le traitait comme un vainqueur, on lui demandait des faveurs : appeler telle personne, passer tel message… Toutes ces consignes lui embrouillaient la tête car Tony avait le cerveau aussi mou qu’il avait le biceps dur.

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