La boîte à mots, le jeu : décembre 2016

jan 2017 -
Si les mots avaient des ailes

Les mots proposés pour notre jeu de décembre 2016:   MAISON – COURIR – SILENCE

Voici les textes que nous avons reçus :


Surprise ! (Colette Kirk)

Et me voilà en panne, avec un pneu crevé, en rase campagne. Je suis perdue sur une route inconnue alors que je me rends chez des amis qui m’attendent. Ils m’ont invité pour le réveillon de Noël de demain soir. Comment les prévenir car pour comble de malchance mon portable est déchargé. Debout, à côté de la voiture, je scrute l’horizon cherchant une éventuelle aide. Il fait nuit et l’on ne voit pas grand chose d’autant que la lune est cachée et qu’il neige. Au loin il me semble pourtant apercevoir une maison. Je me dirige vers elle. Autour de moi règne un silence angoissant. Arrivée devant la porte, j’hésite à frapper. Rassemblant tout mon courage je « toque » par deux fois. Une grosse voix impérative me répond

– Entrez, c’est ouvert !

Mon Dieu, où-suis-je ? Qui est l’individu derrière cette porte ?

Prise de panique, j’ai envie de prendre mes jambes à mon cou et courir, courir…

D’une main tremblante j’appuie tout de même sur la poignée et timidement j’entre.

– Entrez, entrez vite ! Refermez bien la porte. Ce n’est vraiment pas un temps à laisser une demoiselle par ce froid dehors. Soyez la bienvenue dans ma modeste chaumière. Approchez, venez vous réchauffer près du feu.

Là près de la cheminée, est assis dans un fauteuil, un vieux bonhomme tout de rouge vêtu et portant une grande barbe blanche. Interloquée, je n’en crois pas mes yeux. Ainsi c’est bien vrai, il existe !


Fuite (Caroline R.)

Je hais le bruit !

Fuir, courir, échapper à ce bruit infernal.  Ne plus entendre les moteurs qui crachent, les portes qui claquent, les motos qui vrombissent, la musique qui hurle ses décibels… Stop, je n’en peux plus !

Du silence, je veux du silence !

Je veux retourner chez moi, dans le silence de ma maison qui m’attend au milieu des champs, loin du vacarme ; où l’on n’entend même pas le vent qui ne peut s’accrocher à rien et passe sans un murmure, sans un souffle…

… J’y suis depuis un mois, quel repos ! La tranquillité immobile, rien ne bouge.

Le temps est assis, l’air ne circule plus, la vie n’avance pas. Rien : l’ennui !…

…Tiens, j’entends les griffes d’une souris qui trottine. J’aime ce joli petit bruit !

Quand les oiseaux vont-ils se remettre à chanter ?


Un bonheur simple (Susan)

LI Yang est assise sur un tabouret devant sa maison.  Elle est seule. Elle  écoute le silence de la journée qui s’achève. Ses yeux semblent fixer un point au loin, au delà des rizières qui descendent  en cascade vers la rivière.  Il bruine, comme tous les jours.  Les montagnes en face sont cachées sous la brume. Les nuages donnent l’impression de courir sur les collines comme des brebis  rentrant  au bercail.  Les yeux de Li Yang ne voient plus  rien depuis longtemps ; ni les rizières, ni les nuages, ni même les piments rouges qui sèchent devant la porte de sa voisine.  Elle lève son visage  vers le ciel afin d’éprouver le plaisir de sentir les fines gouttelettes d’eau qui mouillent ses lèvres. Elle hume  l’odeur des légumes qui mijotent lentement sur le feu à l’intérieur de sa petite cabane, et qui seront prêts quand ses petits-enfants rentreront  de l’école. Ils arriveront bientôt. Li Yang se réjouit tout simplement d’être là !


L’INDISCIPLINE PETIT LAPIN (Martine)

Lapinot vit dans le terrier familial au pied d’un grand chêne dans la forêt des Charmilles.

Il n’hésite pas à quitter la maison pour aller courir, avec insouciance, dans la campagne, malgré les recommandations de ses parents.

– C’est dangereux, Lapinot, tu ne devrais pas traîner ainsi, gronde son père.

– Les alentours sont de véritables coupe-gorge, renchérit sa mère.

Lapinot s’en fiche et gambade de plus en plus loin chaque jour.

Tient un papillon ! Lapinot suit son nouvel ami pour s’amuser. Soudain, un son strident éveille sa curiosité. Le petit curieux décide de s’enfoncer dans les bois pour élucider ce mystère.

Il cabriole longtemps dans les fourrés, ses longues oreilles flottant au vent mais ne parvient pas à trouver d’où vient le son. Haletant, il s’arrête et s’aperçoit que la nuit s’est installée. Les arbres sont devenus de grandes ombres menaçantes…

Craignant les réprimandes de ses parents, Lapinot rebrousse chemin. Après une longue course, il stoppe net et regarde autour de lui. Mais par où est-il venu ? Tous les chemins se ressemblent dans le noir… Le silence l’enveloppe ! Le son strident s’est arrêté !

Il bifurque sur la droite et s’enfonce davantage dans les sous-bois… Brusquement, la peur l’envahit, le silence de la forêt le tétanise.

Fourbu, Lapinot se blottit dans de hautes herbes et finit par s’endormir à la belle étoile.

Soudain, une lueur vive perce au travers des arbres et le tire de son sommeil. Lapinot cligne des yeux et distingue aussitôt son terrier à quelques mètres de lui.

Soulagé de ses frayeurs de la nuit, il s’étire et songe :

– Vite, il faut que j’aille rassurer mes parents qui doivent être très inquiets de mon absence. Ho là là ! Je vais me faire gronder ».


Cadeaux de Noël (Corinne P.)

A la montagne dans la maison de papy Moustache,

Ce n’est pas un matin ordinaire, c’est le matin de Noël.

Aucun bruit, les habitants sont encore endormis

Dans un silence poudreux de neige,

Seules Elise et Lisa ont chaussé leurs minuscules chaussons de satin rose

Et lacé les longs rubans sur leurs chevilles fragiles.

Elles glissent sans bruit sur le sol ciré du salon.

Légères, élégantes, elles n’ont pas besoin de courir, elles n’ont pas peur

Elles volent, elles tourbillonnent, elles multiplient les entrechats.

Elles s’imaginent déjà à l’opéra en compagnie de petits rats.

Ces merveilleux chaussons de danse, c’était leur rêve.

Et cette année encore le Père Ratel n’a pas oublié de gâter ces demoiselles

Car ce sont ses deux petites souris grises préférées !


Ondiflores ( Aline VEYLIS)

Au pays des ondiflores il n’y a pas de maison. La nature est tellement généreuse qu’elle y pourvoit pour chacun de ses enfants. C’est parfois un champignon, une citrouille bien joufflue, ou encore le creux d’un arbre.

Dans ce petit monde encore préservé, le silence est roi car les ondiflores ne parlent pas. Ils maîtrisent depuis des siècles un autre mode de communication : les ondes cérébrales.

A cela  s’ajoute une autre spécificité : l’odeur de leur peau qui exhale toute la palette florale en fonction de l’émotion ressentie (violette pour les timides, rose rouge pour les amoureux)

C’est un peuple pacifique et sage. Chaque journée qui commence est toujours la première, ainsi ils sont toujours heureux car ils vivent l’instant. Toujours comblé l’ondiflore n’a aucun désir de conquête… Pourquoi courir le monde alors que le bonheur est là tout près.


TOURBILLON (Hélène L.)

Eh, mais dégage, je vais être en retard au boulot moi ! Tu la pousses ta bagnole ou quoi ? Pfffff, encore un handicapé de la pédale, certainement une personne âgée. ……………. Ah ! Pas trop tôt. Et dîtes donc, c’était une jeune ! Où est-ce qu’on va, non mais je te jure…

Tout en finissant d’engloutir son croissant, Eric saisit d’une main ses dossiers, de l’autre son ordinateur portable et claque la portière de sa voiture. Il actionne à distance grâce au bip, le verrouillage automatique puis s’engouffre dans le hall de son entreprise. Il va une fois de plus passer sa journée à courir après LA dernière innovation et essayer de la vendre, pour faire de sa marque LE dernier cri de la technologie. Sa secrétaire lui tend un café dont il avale à peine une gorgée puis le programme de sa journée : 10h00, réception de la délégation Taïwanaise (il va falloir en déployer de l’énergie pour les convaincre), 13h00, « conf-call » avec le représentant USA (celui-là, il va se le recadrer bien comme il faut…), 15h00, vol à Roissy pour la visite du site de production dans le nord, retour à Paris par le vol de 21h00.

Des journées comme celle-ci, il en enfile Eric , à la suite les unes des autres, weekend ou pas weekend et il aime ça. Courir est en fait une drogue pour lui. Mais par là-dessous se cache la terrible angoisse de devoir affronter le soir,  le silence de cette grande et belle maison qu’il a pu s’offrir mais dans laquelle il n’a jamais réussi à nicher une gentille petite famille. Elles ne restent jamais … forcément, il n’a jamais regardé les choses en face … mais en a- t-il même conscience ?


(Arlette P.)

Maison délaissée

silence de cette nuit

coure la souris